Note : Les informations placées entre crochets décrivent le contenu visuel et audio de la vidéo autre que le dialogue ou la narration.
[Mise en contexte : Le journaliste Pierre Maisonneuve interviewe Marc Parent, pharmacien, au sujet de l’avenir de l’assurance médicaments au Québec.]
Pierre Maisonneuve : Bonjour. Ici Pierre Maisonneuve. Avec moi aujourd’hui, Marc Parent qui est professeur à l’Université Laval à la Faculté de pharmacie, pharmacien d’établissement à l’hôpital Saint-François-d’Assise au CHUQ (Centre hospitalier universitaire de Québec) et membre expert du comité scientifique de l’évaluation et de l’inscription à l’INES – ça, c’est pour les médicaments. Alors, Monsieur Parent, Bonjour.
Marc Parent : Bonjour, Monsieur Maisonneuve.
Pierre Maisonneuve : Monsieur Parent, les choix qui s’offrent à nous sont connus : soit le médicament d’origine, le médicament générique qui coûte beaucoup moins cher, ou encore de nouveaux médicaments que vous appelez des thérapies biologiques. Où est-ce qu’on en est, exactement?
Marc Parent : Bien, les médicaments d’origine sont, en général, disponibles lorsque le générique n’est pas disponible. Donc, c’est une solution moins chère à l’expiration des brevets. On développe; la recherche nous amène de nouvelles thérapies. Les thérapies biologiques en sont. Elles sont en général plus dispendieuses.
Pierre Maisonneuve : Beaucoup plus dispendieuses?
Marc Parent : Beaucoup plus dispendieuses.
Pierre Maisonneuve : Bon. Mais maintenant, chaque choix a des conséquences importantes, et si on tient compte uniquement du coût, ou uniquement de l’utilisation des médicaments, alors comment peut-on faire ces choix-là?
Marc Parent : Je pense qu’il faut toujours rester centré sur les besoins des patients et sur la qualité du choix qu’on fait. Après, il faut évaluer le prix qu’on aura à payer pour ça, mais il ne faudra jamais, dans notre système de santé, négliger les besoins des patients, et y répondre adéquatement.
Pierre Maisonneuve : Mais ça, est-ce que c’est un vœu pieux, ou si c’est la réalité?
Marc Parent : Je pense que ce sont les critères déjà en vigueur, qu’il faudra protéger, au fur et à mesure que la pression des coûts augmentera.
Pierre Maisonneuve : Mais comment répondre à ces choix? Et qui doit décider? Parce que là, on a un régime public, on a un régime privé et le gouvernement a quand même son mot à dire sur les coûts du régime public…
Marc Parent : Tout le monde doit prendre sa part de responsabilité. Il y a des choix de société dans les médicaments dispendieux, il y a les choix des individus dans les choix des médicaments. Les médecins doivent être sensibilisés, les pharmaciens, les infirmières. Je pense que c’est vraiment, véritablement, un choix de société, un choix d’équipe, qui doit mobiliser tout le monde. On ne peut jamais… s’en laver les mains totalement.
Pierre Maisonneuve : Mais ça, est-ce que ça vaut autant pour le secteur de l’assurance médicaments public au Québec que pour la question des assureurs privés, qui ont des clients auxquels ils répondent également?
Marc Parent : Le régime public a peut-être une certaine longueur d’avance sur certains mécanismes de sélection et de qualité d’utilisation. Les assureurs privés commencent à s’interroger beaucoup. Il y a déjà des actions qui ont été prises, mais je pense qu’il y a du chemin à faire pour tenter d’améliorer la qualité des décisions qu’on prend pour le prix que l’on paie.
Pierre Maisonneuve : Que ce soit pour le public ou pour le privé, est-ce qu’il peut y avoir des situations où un médicament plus dispendieux, en fin de compte, est avantageux, même pour des assureurs?
Marc Parent : Quand on est centré sur le besoin, sur la qualité du traitement, on peut justifier un prix dispendieux. Et c’est là qu’il est indiqué et qu’il prend tout son sens.
Pierre Maisonneuve : Quelle sera la pilule de demain? Sera-t-elle biologique? Sera-t-elle chimique?
Marc Parent : Je pense que, simplement, notre arsenal sera doté de plus, de plusieurs outils. Il y aura des médicaments chimiques, il y aura des thérapies biologiques; une diversité de thérapies qu’il sera difficile de prédire. La seule chose qui est claire, c’est que la tendance des prix est nettement à la hausse et il faudra voir comment on se paie tout ça.
Pierre Maisonneuve : Bon, bien, j’allais dire : aurons-nous encore la capacité de payer, que ça soit au privé ou que ça soit au public?
Marc Parent : C’est une excellente question. Un des paradigmes qui a changé, c’est qu’avant, un individu pouvait penser se payer une thérapie médicamenteuse. Il y a certaines thérapies maintenant qui sont hors de budget pour la majorité des citoyens. C’est un enjeu extrêmement important.
Pierre Maisonneuve : Marc Parent, merci beaucoup pour cet entretien, trop court.
Marc Parent : Merci, Monsieur Maisonneuve.
Pierre Maisonneuve : Au revoir.